VERITE
#31 « Entrepreneuriat social en chine : voyage au cœur du développement altruiste »
Carol Pouget
Voyageons au cœur de l’entrepreneuriat social et de l’interculturalité. Destination ? La Chine avec Carol Pouget.
Avide d’humanitaire et ayant étudié l’ethnologie, Carol est une entrepreneure altruiste qui a voué près de 15 ans de sa vie en Chine à promouvoir et à développer l’entrepreneuriat social en Chine.
Au cours de ce voyage, elle a co-fondé l’initiative « Global Nomad », une entreprise dédiée à la promotion de l’entrepreneuriat social. Sa passion et son engagement ne s’arrêtent pas là car à son retour en France en 2018, Carol a souhaité garder le lien avec cette Chine tant appréciée. Elle concrétise alors son projet « Le Monde de Bo », un espace unique de médiation interculturelle destiné à favoriser des liens prospères entre les acteurs économiques français et chinois.
Carol partage avec générosité ses péripéties et ses réussites et souligne l’importance de la confiance en soi et de la persévérance pour quiconque aspire à laisser une empreinte positive dans le monde social et plus particulièrement, dans le domaine de l’entrepreneuriat altruiste. Son expérience est un témoignage fort du leadership féminin et conscient, porteur de transformation personnelle et entrepreneuriale.
Cet épisode aborde aussi l’interculturalité à travers le prisme de la curiosité intellectuelle et de la remise en question. Carol nous incite à reconsidérer nos stéréotypes et préjugés, nous invitant à une approche plus authentique et empathique des autres cultures.
Nous terminons par des réflexions sur l’entrepreneuriat conscient, la culture et la transformation personnelle. C’est un épisode qui transcende les frontières culturelles.
Enrichissez votre vision du monde à travers ses réflexions sur les stéréotypes, le partage des cultures, et la valeur des relations interpersonnelles. Un épisode qui vous invite à vous remettre en question et à bâtir des ponts interculturels par le partage et l’écoute. Avec Carol, on réfléchit sur le monde, sur l’entraide et sur le courage d’oser des choses nouvelles. Vous allez sans doute terminer ce podcast avec plein d’idées pour changer le monde à votre manière.
Timeline :
00:15:29 – Surmonter les freins à la curiosité
00:25:54 – Être ouvert à la rencontre et à l’inconnu
00:34:29 – Outils pour la collaboration interculturelle
00:42:20 – Déconstruire les stéréotypes et comprendre les cultures
00:47:30 – L’importance de répondre aux besoins des entrepreneurs
00:52:11 – La Puissance de la Rencontre 01:03:36 – Le Retour d’expatriation et la réadaptation 01:11:26 – Redécouvrir son identité après une expatriation
Pour contacter Carol Pouget :
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Transcription de l’épisode
OMBELINE
Bonjour Carol et bienvenue dans le podcast vérité.
CAROL
Bonjour Ombeline.
OMBELINE
Je suis très heureuse de te retrouver. On peut dire aux auditeurs qu’on s’est parlé il y a plusieurs mois en avant et donc ça me fait plaisir de te retrouver pour faire cette interview et donc savoir qu’est-ce qui s’est passé depuis ces derniers mois.
CAROL
Oui c’est un plaisir partagé.
OMBELINE
On va, avant de plonger dans les sujets qu’on aimerait aborder aujourd’hui qui sont autour de la notion d’entrepreneuriat social et altruiste, tu vas nous en dire plus, est-ce que tu pourrais nous dire où est-ce que tu te situes maintenant pour qu’on puisse t’imaginer dans ton environnement ?
CAROL
Alors là je suis chez moi, attablée à mon petit bureau, en face d’une fenêtre dont la vue donne directement sur la Marne, voilà. Avec le ciel bleu.
OMBELINE
Très fanché ! Et donc tu es en région parisienne, pour ceux qui…
CAROL
A Nogent-sur Marne, voilà, justement sur les bords de Marne, juste à côté de Paris. Donc voilà, dans un cadre assez idyllique, je dois le dire.
OMBELINE
Magnifique. Dès qu’il y a de l’eau, ça change.
CAROL
Voilà.
OMBELINE
Surtout de l’eau qui bouge.
CAROL
Ben voilà, moi c’est ça, c’est l’eau. Ouais, exactement. Donc tu vois, j’ai bien mis mon bureau en plus, je l’ai situé pour qu’il soit juste en face de ce cadre dans cette fenêtre, que je puisse la sentir et puis recevoir ses bénéfices quoi.
OMBELINE
Exactement. Alors ma chère Carol, Pour que les auditeurs te connaissent. Donc tu as fait des études en ethnologie avec une spécialisation dans l’action humanitaire et la solidarité internationale. Tu pars t’installer vraiment en Chine en 2004 mais en fait tu as à l’âge de 10 ans déjà tu ressentais l’appel de la Chine. Donc en 2004 tu pars t’installer là-bas avec tes valises et tu y restes pendant 18 ans.
CAROL
Mmh.
OMBELINE
Là-bas, tu co-fondes une entreprise qui s’appelle Global Nomad, qui est axée sur la promotion et le développement de l’entreprenariat social dans les régions tibétaines de Chine. Ça, c’est fascinant et j’ai hâte que tu nous en parles. Tu travailles aussi en tant que consultante en management interculturel et en communication sur des projets culturels, touristiques, environnementaux. Tu reviens en France en 2018. Je pense que c’était le bon moment, n’est-ce pas ? Oui, j’ai eu de la chance. Et donc tu rentres en France et tu as créé le Monde de Beau. Vous êtes trois associés. Le Monde de Beau, sa mission c’est de la médiation interculturelle pour faciliter et promouvoir des liens prospères entre les acteurs économiques français et chinois.
CAROL
Exactement.
OMBELINE
Alors aujourd’hui, je voudrais préciser aussi que tu es maman solo.
CAROL
Oui.
OMBELINE
Donc chapeau bas madame. Maman solo, entrepreneur, je suis passée par là, je sais ce que c’est. Donc c’est le monde de beau la semaine et le week-end tu continues avec un job salarié. Donc en fait tu bosses tout le temps.
CAROL
Voilà, on peut dire ça comme ça.
OMBELINE
Et donc j’aimerais dans cet épisode que tu nous racontes notamment cet entrepreneuriat social et humanitaire en fait, ton expérience d’avoir accompagné des entrepreneurs dans la région tibétaine de Chine. Et puis peut-être aussi que nos auditeurs repartent de cette conversation avec des idées ou des perspectives pour élever leur entreprise peut-être plus à un modèle altruiste. Et toi ton intention pour les auditeurs c’est qu’il est essentiel de suivre son instinct et de croire en soi et pas le simple adage de quand on veut on peut.
CAROL
Oui.
OMBELINE
Alors par quoi t’aimerais commencer Carol ?
CAROL
Mon Dieu, je ne sais pas, peut-être par le commencement en fait, je crois, d’essayer de chercher un petit peu le fil rouge de tout ça. Même si je dis qu’il n’y a pas trop fil rouge, je pense que c’est au bout de certaines expériences qu’on se rend compte que oui, il y a un point commun à tout ce qu’on fait. Et justement, après plusieurs années, quand on est dans la réflexion, on commence à se demander, mais tiens, pourquoi finalement ? Pourquoi je fais ça ? Quel est mon objectif ? Quel est le sens que je donne à toutes mes actions ? Et je pense que ce qui se voit notamment à travers le parcours, c’est tout ce qui est l’intérêt envers l’humain. Tu vois, ça commence avec les études d’ethnologie, déjà, après des études en développement humanitaire, et puis l’entreprenariat social aussi, qui est basé autour de la figure de l’entrepreneur lui-même, dans le sens où il monte son business parce qu’il répond à un problème sociétal qu’il a pu analyser, donc tu vois encore la personne, l’humain et puis finir sur beau qui est en fait finalement la volonté de pouvoir faire que deux univers, deux cultures puissent se rencontrer.
OMBELINE
Oui et puis enfin c’est l’humain Le fil rouge c’est l’humain mais c’est l’humain dans des situations extrêmes tu vois, dans le sens où a priori il y aurait des difficultés à se comprendre ou à créer le lien. Et c’est ça je trouve qui est très intéressant dans ton parcours, c’est que tu crées le lien et tu facilites ce lien et tu rends prospère ce lien. Malgré les différences. Et peut-être même grâce aux différences.
CAROL
Oui, ou grâce aux similitudes. C’est peut-être une autre approche de voir la rencontre au lieu de s’arrêter sur les différences, de se concentrer, comme beaucoup le disent d’ailleurs, sur les similitudes. Et je pense que j’en ai quand même pas mal souffert parce que le fait d’avoir vécu en Chine si longtemps, pendant plus de 15 ans. En fait, je me suis toujours trouvée un petit peu au milieu. J’étais dans le pays du milieu, mais ma situation aussi, c’était un milieu tout le temps où j’étais un petit peu tiraillée entre deux cultures. Et si tu veux, j’étais le témoin de toutes les incompréhensions de l’une envers l’autre. Là, je suis en train de personnifier les cultures parce que les cultures ce sont des gens et voilà. Mais ce que je veux dire c’est que j’étais toujours tiraillée en cette espèce d’incompréhension, je me trouvais au milieu et je trouvais ça dommage que finalement sur des préjugés, des croyances, d’ailleurs infondées, qu’on puisse passer finalement à côté de quelque chose. Oui et comme j’étais aussi partie intégrante de ces deux cultures, en fait si tu veux ça me… il y avait une espèce de frustration de se dire mince mais c’est dommage finalement de passer à côté de tellement de belles choses quoi.
OMBELINE
Ouais mais tu sais j’ai comme l’impression que ce sentiment d’être tiraillée c’est tellement commun chez les femmes Ça me fait aussi penser, tu vois, à l’enfant du divorce qui est un peu tiraillé entre…
CAROL
Bah ouais, alors qu’on peut…
OMBELINE
Donc oui cette sensation d’être tiraillée comme moi tu vois j’ai l’impression d’être tiraillée entre deux mondes, entre différents niveaux de conscience, entre la croissance spirituelle et la croissance financière et je partage complètement ta vision qu’en fait il faut aller regarder ce qui réunit.
CAROL
Ce qui réunit ou ce qui relie en fait. Ce qu’on peut créer aussi de nouveau à travers ça tu vois parce que c’est pas une question de… En fait c’est une peur aussi je pense de savoir, on croit qu’en se mélangeant forcément on perd de soi, on perd quelque chose au profit de l’autre, qu’on fait forcément un compromis. D’ailleurs, les compromis, c’est vrai que j’ai vraiment beaucoup de mal avec les compromis, mais je me suis rendu compte que c’était pas tant une question de perdre quelque chose que dans la rencontre de garder l’essentiel et finalement de pouvoir l’ouvrir à l’essentiel de l’autre et puis faire que cette rencontre, elle donne naissance à quelque chose de nouveau.
OMBELINE
Ça c’est hyper puissant ce que tu viens de dire, je me le suis surlignée et je vais le répéter pour nos auditeurs. Au lieu d’être dans la peur de perdre ou de se perdre, osez garder l’essentiel.
CAROL
Oui et puis aussi être prêt à la rencontre. La rencontre c’est aussi un terrain connu. On a peur, on ne veut pas perdre ce qu’on a, on veut le protéger et puis on a peur aussi que ce que la rencontre peut nous faire perdre alors qu’on ne voit pas tout ce qu’elle peut nous faire gagner et que parfois il faut un petit peu ouvrir. Tu vois, pour aussi peut-être rencontrer, je sais pas, remettre en cause ses certitudes, ses croyances, être dans une zone un petit peu plus fragile, la zone où on est dans l’inconnu. et puis faire confiance à cet inconnu, et justement à partir de là, ouvrir, s’ouvrir à l’autre, et voir de cette rencontre ce qui peut naître de nouveau, en fait.
OMBELINE
Oui, c’est comme 1 plus 1 égale 3.
CAROL
Voilà, on invente d’autres formes de rencontre, de communication.
OMBELINE
Tout à fait. Et cette notion de cette peur de perdre, cette méfiance en fait de l’autre chez les femmes, c’est aussi beaucoup lié évidemment aux mémoires d’abus, à l’intrusion, etc. Donc du féminin, les mémoires du féminin portent beaucoup ça. Donc évidemment il y a une sécurité à les retrouver aussi.
CAROL
Ouais. Après je pense qu’aussi, pour moi ça je le, si tu veux je le sexualise pas forcément, je pense que c’est aussi un comportement là vraiment de, tu vois, c’est une espèce de protection auto… une espèce de… C’est une enveloppe qui te protège, qui concerne tout un chacun en disant voilà on a un espace, on est dans un lieu, dans un environnement dans lequel on est familier, avec des référents, des signes qui nous rassurent, qui nous confortent, on est dans l’habitude, dans le connu. Moi, ce qui m’intéresse, justement, c’est cette rencontre de l’inconnu. C’est tout ce qui est la notion d’altérité. Et c’est comment transformer, quels sont les processus de transformation de l’inconnu en connu. Comment on arrive, justement, quelles sont les choses que l’on met en place pour pouvoir justement transformer cet inconnu qui fait peur en quelque chose de connu. et qui justement va nous enrichir. Et donc… Allemand !
OMBELINE
Ouais, et donc comment… Enfin tu vois, qu’est-ce que tu pourrais nous donner comme conseil par rapport à ça, pour les personnes peut-être qui ont peur, tu vois, du changement, d’aller dans l’inconnu, de sortir de leur zone de confort. Ou même, enfin j’imagine que dans vos clients il y a aussi cette peur de l’inconnu, cette méfiance de l’autre, de l’étranger. Donc qu’est-ce que tu pourrais nous donner comme conseil pour qu’on puisse oser cet inconnu et y voir de la richesse ?
CAROL
Écoute, moi j’ai pas vraiment de méthode toute faite, comment t’expliquer ? Justement, le travail, c’est moins dans les conseils qu’on donne en disant n’ayez pas peur de l’inconnu, foncez à l’aventure, c’est pas tant ça. Si tu veux, c’est simple à dire, mais à faire, c’est beaucoup plus problématique. Le problème, c’est déjà prendre conscience qu’en allant au-delà de prendre conscience finalement de ce qui nous empêchait de le faire, déjà. Tu peux pas dire aux gens, allez-y, faites-le, moi je l’ai fait. Tout à chacun est différent. Moi ça a jamais été un problème, c’était instinctif, tout était toujours instinctif. Je pense que c’était une curiosité, une curiosité à l’autre, toujours une volonté d’apprendre, voilà, insatiable. de justement de cet inconnu qui faisait peur aussi en même temps. Alors peut-être que j’allais me challenger moi-même pour dire ben voilà justement c’est une façon de se connaître aussi.
OMBELINE
Est-ce que ce serait peut-être une première réflexion, est-ce que ce serait oser être curieuse aussi ?
CAROL
Ben après…
OMBELINE
On perd un peu ça aussi.
CAROL
Alors, être plus curieuse.
OMBELINE
Être plus, ouais. Mais parce qu’on perd, tu vois, quand… Voilà, enfin moi, tu vois, j’ai des injonctions qui me reviennent de… Faut pas être trop curieuse. Tu vois, il y a un côté mal vu d’être curieux.
CAROL
Donc il faut reconnecter avec ça. Exactement. Après, ça dépend comment elle a été aussi, comment elle t’a été justement, cette notion de curiosité, comment elle a été transmise. Après, si ça peut être une façon d’apprendre et de découvrir, ça dépend comment on la transmet, le concept de curiosité. C’est vrai qu’il peut parfois apparaître comme un vilain défaut, mais c’est un vilain défaut que je trouve d’une très belle qualité. Mais si tu veux, je pense que déjà avant d’aller là, il faut être conscient, conscientiser les propres freins justement à cette curiosité. Et les propres freins à cette curiosité, en fait, ce n’est pas tant être curieux, c’est qu’on ne l’est pas parce que justement ces freins nous empêchent de l’être. Comment t’expliquer ? Parce que ces freins, justement, nous font penser qu’en fait, on sait tout, on connaît déjà tout. Et en fait, c’est cette fausse croyance de dire que finalement, on sait et qu’on n’a pas besoin d’aller en savoir plus. Et en fait, ce n’est pas tant cette curiosité, mais c’est vraiment ce fait de dire, mais finalement, je sais que je ne sais pas trop. et que je ne sais rien et ben j’ai envie d’aller voir un petit peu Je ne sais pas ce que.
OMBELINE
Je ne sais pas.
CAROL
Voilà, mais c’est… Après, on reprend des… C’est pas du plagiat, mais ce que je veux dire, on reprend des… On l’a sorti bien avant, je veux dire, cette phrase-là. Bien sûr, bien sûr. Voilà, tout ce que je sais, c’est je ne sais rien. Mais c’est le problème, c’est que parfois, on est tellement, justement, dans cet espace de sécurité, on est dans des certitudes, dans des choses qu’on sait, on est à l’aise, on ne sort pas, on ne se remet pas en question, et de dire, tiens, mais finalement, ce que je sais, est-ce que c’est vraiment ça ? Par contre, il faut prendre du temps, il faut prendre le temps de découvrir, que ce soit de lire, d’interroger, de parler, de discuter. Ça demande du temps de pouvoir aller s’interroger sur ce qu’on croit savoir. Après, il n’y a pas de vérité dans ce qu’on sait, mais il y a juste peut-être une question en se disant « mais tiens, ce que je sais, est-ce que c’est vraiment Est-ce que c’est vraiment de cette façon ? Et en fait, justement, de susciter cette curiosité d’une espèce de… De ne plus avoir de certitude, d’être dans le doute. C’est bien d’être dans le doute aussi, tout le temps. Parce que justement, d’être dans le doute, ça te force justement à pousser cette curiosité et à tester et à voir. C’est justement… Tu vois, on parle aussi de confiance en soi et tout. Il y a aussi une ligne entre la confiance en soi. Faut faire attention, faut avoir confiance en soi, mais faut pas non plus trop avoir confiance en soi, c’est trouver une espèce de juste milieu, comme ça. En fait, qui permet aussi que la confiance en soi, elle soit bien, mais elle soit toujours, tu vois, un peu plus fragile pour pouvoir te dire qu’il manque ça pour aussi toujours se remettre un petit peu en question. Et je pense qu’après, c’est difficile, c’est compliqué. C’est facile de le dire, pour le faire c’est… Bien sûr, mais je pense.
OMBELINE
Qu’Il y a aussi un autre niveau de confiance qui n’est pas forcément en soi, mais qui est aussi peut-être en plus grand. On peut parler de foi aussi, ou de dire que de toute façon tu accueilles ce qui se passe parce que tu sais qu’il y a du bon dans ce qui se passe.
CAROL
Et puis oui, c’est cette façon de dire que toi tu… Oui, exactement, parce qu’il y a du bon finalement. C’est ça qui est le moteur, d’aller vers le mieux. de faire ce qui est bien et bon.
OMBELINE
Tu cherches, en fait, tu sais qu’il y a du potentiel.
CAROL
Exactement. Donc, c’est pour ça, juste pour revenir au fait, le problème, c’est qu’on se rend compte, justement, dans cette curiosité, dans le fait que les gens savent, parfois, là, on a le plus de mal, justement, si on fait beaucoup de formation en interculturalité, là-dessus, sur tout ce qui est stéréotypes, préjugés, d’ailleurs, qui mènent à la discrimination. Mais ces stéréotypes, c’est un concept très, très intéressant parce qu’autant il peut y avoir une grille de lecture pour pouvoir analyser des choses qui nous sont inconnues. Et justement, c’est une façon de rendre connu l’inconnu, les stéréotypes. Et moi, ce que j’enseigne beaucoup, c’est dans les stéréotypes, c’est que le danger du stéréotype, c’est à partir du moment où on l’érige en vérité. Tu vois ? Et qu’on le remet jamais en question. Parce que de toute façon, quoi qu’il advienne, on ne peut pas s’empêcher d’interpréter, de penser les choses, de les mettre dans des petites cases, parce que justement ça permet de… Ok, ce que je ne connais pas, j’ignore, au moins ça me donne des petits… Ouais, ça rassure. C’est pas complètement inconnu, mais à partir de là, ça doit être juste les premières pierres qu’on met pour aller vers justement… Mais ça peut pas être des vérités réagies en disant, voilà, les choses sont ainsi et c’est comme ça que c’est. Et en fait, il faut justement se dire à un moment, OK, c’est ce que j’ai entendu, c’est ce que je sais, voilà. Mais de se remettre en question justement en disant mais ce que je sais, est-ce que c’est vraiment ce que c’est ?
OMBELINE
Tout à fait. Là j’ai noté quatre de tes pistes de réflexion. Je vais les résumer pour les auditeurs. Donc oser être curieuse ou curieux. Parce que les freins à la curiosité c’est justement la croyance de tout savoir au lieu d’accepter le fait de ne pas tout savoir ou de ne pas savoir ce qu’on ne sait pas. La troisième piste de réflexion c’est aussi la capacité à remettre en question, à accueillir le doute. Et puis, la quatrième piste de réflexion que tu nous as partagée, c’est que de toute façon, il y a cette certitude qu’il y a du potentiel dans ce qui se présente, dans la rencontre.
CAROL
C’est le moteur essentiel, tu vois ce que je veux dire ? Sinon, on pourrait rester dans sa zone de confort. J’aime pas l’expression, elle est tellement usitée, mais c’est tellement vrai en même temps. C’est pas tant une zone de confort, c’est une zone de tout ce qui est familier. Et dès qu’on part, c’est aussi… C’est aussi des choses qui nous permettent de se concentrer à nous-mêmes, c’est-à-dire se voir aussi comment on est, comment on réagit, tu vois ? C’est aussi pouvoir aller… Et ça peut faire peur de se dire, mais finalement, la personne que je vais rencontrer, c’est pas celle que je pensais être.
OMBELINE
Oui, et puis accepter d’être surpris aussi.
CAROL
Et d’être surpris, puis d’être un petit peu déstabilisé dans les certitudes qu’on a aussi de nous-mêmes.
OMBELINE
Tu vois, ça me fait penser à vraiment quelque chose d’accepter le dedans-dehors et d’accepter l’impact de l’extérieur sur l’intérieur et d’accepter un peu cet ébranlement.
CAROL
De toute façon, sans l’autre, tu n’as aucun moyen d’avoir connaissance de toi-même.
OMBELINE
Tout à fait, tout à fait. Et justement tu vois, ce qui me vient comme question c’est, enfin je t’imagine arriver dans cette région tibétaine de Chine et comment tu faisais pour, tu vois, les premières fois au début, comment tu faisais pour créer le lien avec ces personnes que tu rencontrais et que tu étais là pour, que tu allais accompagner en fait ? Comment tu faisais pour cette rencontre ?
CAROL
Comme je fais avec toutes les rencontres en fait. Comment je faisais ? Je n’ai jamais vraiment pris de recul parce que j’ai toujours été dans l’expérience. C’est vrai que… on me demande beaucoup de choses, mais comment c’était ? Comment t’as fait ? Et c’est vrai que je suis incapable de raconter, de pouvoir mettre des mots sur toutes ces expériences. C’est naturel. C’est empirique, tu vois ce que je veux dire. Et c’est vrai qu’un jour, il va falloir que je me pose et que je puisse un petit peu analyser, théoriser tout ça. Donc c’est vrai que l’exercice pour moi avec toi est un petit peu difficile. Mais ce que je veux dire, c’est que je pense que la première chose déjà, c’est être à l’écoute l’écoute de l’autre, et puis être humble.
OMBELINE
En fait, tu penses que dès le départ, t’étais aussi dans le cœur.
CAROL
Oui, et puis je suis dans la curiosité de l’autre. J’ai un intérêt, je suis curieuse, humainement parlant. J’avais forcément avec la culture… Comme j’étais avec la Chine la première fois, c’est parce que j’ai eu… Si tu veux, je n’ai pas eu de grand choc culturel. Alors peut-être l’histoire que j’ai eue avec la Chine a fait que quand j’y suis allée pour la première fois, tout m’a semblé, si tu veux, évident. Je n’ai pas eu de… J’étais juste là où je devais être. où je m’étais promis d’être, tu vois, quand j’avais dix ans. Voilà, j’y suis allée à vingt ans, je me suis dit ok, j’y suis, c’est bon, bah voilà, c’est exactement là où je devais être. Et comment je l’ai vécu ? Bah j’ai juste accueilli, j’ai ouvert mes yeux, mes oreilles, mes narines, j’ai senti, ressenti, écouté, voilà, et j’étais toujours dans l’intérêt.
OMBELINE
Et en fait, t’étais pleinement dans le recevoir.
CAROL
Bah oui complètement, et puis j’attendais que ça, tu vois ce que je veux dire. Mais en même temps, ça ne t’empêche pas de donner aussi. Et c’est vrai que…
OMBELINE
Tu donnes peut-être même mieux.
CAROL
Bah je trouve. Voilà, et puis de savoir si aussi dans la rencontre avec l’autre, c’est aussi, surtout ce qu’on faisait, on faisait de l’accompagnement pour les entrepreneurs sociaux, c’est aussi d’être à leur écoute et puis de voir justement, d’écouter leurs besoins, leurs envies, d’être à leur écoute vraiment et de répondre, de répondre à des besoins si on sentait que c’était nécessaire et d’attendre que l’autre en fasse là demain, si tu veux. Donc, Oui, la rencontre te vit bien, il y a, je pense, un respect mutuel, un intérêt, une écoute, une envie mutuelle d’apprendre, de se découvrir. Voilà, tout simplement, c’est les premiers… L’amour quoi ! Ouais, avec des certitudes, avec voilà comment ils sont, non ? De se laisser complètement, en fait, d’arriver neutre. Tu vois ce que je veux dire ?
OMBELINE
Oui, ouais, sans préjugés.
CAROL
Mais en même temps, tu arrives avec tout ce que tu es toi-même. Mais tu peux justement avoir des idées, déjà des idées parce que tu as lu des choses, tu as vu des cinémas, tu as entendu des gens parler, voilà. Mais ces idées, elles n’empêchent pas sans pouvoir se créer déjà une image toute figée, en fait. d’une personne et en fait de dire ok j’ai déjà des voilà je suis pas surprise s’ils boivent le thé tu vois au beurre rance salé voilà c’est pas une surprise je le sais donc voilà ça évite les surprises si tu veux mais après de se dire voilà d’être persuadé à l’avance que façon tu le détesteras parce que tu aimes pas le beurre rance et que c’est salé et que te dire bon bah je vais quand même je vais quand même le goûter et on va essayer Voilà, c’est ça, juste être ouvert, en fait. Être ouvert. Voilà.
OMBELINE
Être ouvert et, enfin, évidemment, puis c’est… En fait, c’est être dans une posture d’amour et pas de peur.
CAROL
Bah voilà, mais d’amour… Vraiment, je pense que là, tu vois, la curiosité, la soif d’apprendre, c’est important. Parce que l’ouverture, c’est-à-dire qu’après, t’es pas obligé d’être d’accord. Parce que d’amour, tu peux très bien le dire, mais en fait, votre thé, je le trouve dégueulasse. Mais t’as le droit de le trouver dégueulasse. Tu vois ce que je veux dire ? C’est pas un non-amour. Être dans l’autre, dans la rencontre, c’est pas tout accepter et dire ils sont formidables, c’est génial et tout. Être dans des extrêmes où alors soit je les aime, soit je les aime pas, c’est dire bah voilà, d’écouter, d’entendre, de voir, de passer du temps. Et puis il y a des choses sur lesquelles tu es d’accord, d’autres sur lesquelles tu es pas d’accord. Voilà. Mais c’est d’être, si tu veux, sans jugement. et de justement de voir dans les choses qui te gênent ou qui te choquent d’essayer de comprendre en fait qu’est ce que ça dit de toi C’est chaud, c’est l’hygiène qui te choque. Pourquoi, tiens, ben finalement, mais pourquoi moi j’ai toujours pensé comme ça ? Mais pourquoi on m’a enseigné comme ça ? Tu vois, comme tu disais pour la curiosité, pourquoi ? Parce que moi, tiens, quand j’étais petite, peut-être, on m’a dit que c’était un vilain défaut, donc qu’est-ce que ça… Tu vois ? Et en fait, c’est qu’est-ce que ça t’apprend de toi-même ? Donc ça permet d’une part de pouvoir… faire un retour, mais ça c’est aussi la théorie que j’aime beaucoup, c’est la seule que j’utilise en outil quand je fais des formations interculturelles, c’est le choc, celui-là je l’aime bien quand même, ce petit outil, de Cohen-Emerick, et qui a créé, je crois que c’est un outil destiné aux populations immigrées, ce qui me semble, après je ne veux pas dire de bêtises, Mais bref, elle a créé cet outil du choc culturel. Et en fait, cet outil, je le trouve génial parce que c’est tout bête. C’est une espèce de diagramme comme ça qui te montre, voilà, t’as la rencontre, t’as le choc culturel, t’as la naissance du stéréotype. Et en fait, l’émotion que ça suscite, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Et puis, suite à ça, t’as tout un travail de réflexion. Alors ça, c’est un truc que tu fais pas pendant que t’es en train d’avoir le choc culturel, si tu veux. Tu ne peux pas dire, attends, là je suis en plein choc culturel, laisse-moi analyser la situation. C’est quelque chose, c’est un petit travail à faire comme ça en disant, tiens, aujourd’hui il s’est passé ça, tiens, j’ai eu un petit choc, qu’il soit positif ou négatif, en disant, tiens, c’est intéressant parce que comment j’ai réagi, qu’est-ce que ça a dit de moi, qu’est-ce qui a fait que je sois choquée, pourquoi la personne a été comme ça, qu’est-ce que j’ai… Tu vois, en fait, tu te poses des questions comme ça, toi aussi, tu permets d’avoir un regard sur toi-même. et sur l’autre. Et là, justement, tu comprends tout ça et t’es libéré, si tu veux, des émotions liées au choc. Et là, du coup, tu t’ouvres pour la rencontre et tout ce qu’elle peut t’apprendre. Parce que, du coup, ça te permet d’être curieux, de demander « tiens, finalement, tu fais les choses comme ça, c’est bizarre, mais pourquoi vous les faites comme ça ? » Et du coup, Tu vois il y a un dialogue, il y a quelque chose qui commence à arriver et puis des choses qui commencent à se créer et puis là tu crées du nouveau en fait.
OMBELINE
Oui et puis même quand tu n’as pas le choc culturel, tu vois ça se vit aussi quand tu es dans un groupe, même si tu es dans un groupe de personnes de la même culture que toi, parfois ça te sort.
CAROL
Un peu de ton…
OMBELINE
Tu vois quand j’anime des groupes ou quand j’ai mon collectif sur un an, ça se passe aussi, tu vois au début il y a un temps d’adaptation, chacun peut prendre sa place, chacun ressent l’autre, l’accueil, enfin et ça, ça prend du temps aussi.
CAROL
Mais ça, c’est en fait, on parle d’interculturalité, c’est aussi ce que tu évoques, c’est l’interculturalité. L’interculturalité, il ne faut pas que ça soit, c’est juste la Chine, la France. L’interculturalité, elle peut être entre des classes sociales, elle peut être générationnelle. Je veux dire, nous, toutes les deux, là, on peut avoir une relation interculturelle parce qu’on partage, on est sous une culture semblable, mais on partage des choses complètement différentes. C’est-à-dire que ce soit notre éducation, nos valeurs, nos principes. Il y a plein de choses, en fait, qui fait que même en partageant une culture commune, on peut être complètement différente dans la façon dans laquelle on vit cette culture. C’est pour ça qu’on ne dit jamais qu’on rencontre une culture, on en rencontre une personne qui appartient à cette culture. Mais elle peut pas être figée, on est… Tu vois, donc même là, entre nous, là, tu vois, on a une rencontre interculturelle.
OMBELINE
Oui, c’est vrai, c’est vrai. Et puis, enfin, tu vois, ça se vit aussi en famille recomposée. T’as ce choc-là, effectivement, interculturel, d’être avec… Enfin, voilà, j’ai été belle-mère, notamment, pendant plusieurs mois. Je le suis toujours, d’ailleurs. Mais tu vois, de se rendre compte que rien que l’humour peut être différent. Effectivement, ça fait partie d’une culture, tu as raison. Oui, carrément.
CAROL
Je veux dire, quand je fais les formations dans les écoles avec les jeunes, on est souvent dans des écoles de tourisme pour faire justement des formations interculturelles. Et voilà, on leur dit, les générations, ils ont la vingtaine. Tu vois, moi, j’ai 47. Et c’est vrai qu’on partage des référents complètement différents. On est carrément, et encore eux-mêmes, au sein du même, dans leur même génération, ils ont aussi entre eux des choses. Donc en fait l’interculturel, c’est pas en se disant forcément des sessions interculturelles. Ah bah apprenez-moi à dire comment on dit bonjour en Chine, comment on dit bonjour au Japon. Tu vois ce que je veux dire ? Ça veut dire, et alors si tout le monde ne dit pas bonjour de la même façon ?
OMBELINE
Bien sûr. Donc le monde de beau, est-ce que c’est aussi de la médiation ?
CAROL
Pour moi c’est le centre de tout, parce que si tu veux, quand on dit qu’on facilite et qu’on promeut les relations entre la Chine et la France, en fait le problème c’est que les gens veulent passer directement… En fait l’objectif c’est le contrat, la collaboration finale. soit, ça c’est une première étape.
OMBELINE
De l’argent quoi, tu veux dire, en.
CAROL
Gros faire du business. La collaboration au partant, on fait du business, d’accord. C’est pas l’objectif, je veux dire, c’est pas quand l’objectif vient, mais c’est quand même l’objectif de faire, et très bien, soit. Ça aussi, où tu veux permettre le problème, c’est que c’est pas si simple. C’est pas si simple de rencontrer la personne avec laquelle on va pouvoir collaborer. Et surtout dans une culture avec des valeurs, des principes différents, si tu veux, le but c’est qu’il y a quand même un chemin qui mène justement à cette rencontre. Il faut que la rencontre se passe, il ne suffit pas que deux personnes se voient pour qu’il y ait une rencontre. Il faut qu’il y ait une compréhension mutuelle. Et cette compréhension, elle ne s’arrête pas, elle ne peut pas se réduire non plus, je sais comment ils disent bonjour, ou comment ils font telle ou telle chose, et du coup, ça y est, j’ai deux, trois petits types, et ça va me permettre tout de suite d’avoir accès à la personne. Et en fait, nous ce qu’on fait, c’est qu’on essaye aussi de travailler, de faire comprendre déjà, c’est d’une part, c’est conscientiser tous les stéréotypes qu’on a envers, que ce soit les Français envers les Chinois ou les Chinois envers les Français. de pouvoir déjà un peu déblayer tout ça à partir sur, ça veut pas dire les enlever les stéréotypes, c’est les conscientiser et connaître l’origine de ces stéréotypes et comprendre d’où ils viennent. Et ensuite, c’est de pouvoir faire des formations qui ne sont pas basées sur les différences, mais nous on a choisi plutôt les similitudes, de voir tout ce qui nous relie plutôt que tout ce qui nous sépare, pour pouvoir faire des points d’accroche. et des points de connaissance où finalement c’est important d’avoir cette connaissance préalable pour pouvoir avoir une vraie collaboration qui soit pérenne et durable. Parce que des collaborations qui sont faites très rapidement sans se connaître mutuellement, elles ne sont pas durables et elles ne peuvent pas fonctionner. Alors je ne dis pas de connaître à fond mais d’avoir au moins Si tu veux, ce n’est pas tant de donner un guide de tout ce qu’il faut faire et ne pas faire, mais plutôt d’avoir une espèce d’ouverture d’esprit qui permette de pouvoir rencontrer l’autre et de ne pas s’arrêter. à des jugements préalables et justement dégager une certaine flexibilité qui va faire que justement dans cette altérité on va leur recevoir, on va l’appréhender, on va l’analyser et on va la transformer de façon bénéfique pour que ça puisse servir aux relations. Mais tu vois ça, ça pour moi c’est essentiel mais le problème c’est… C’est jamais essentiel parce que c’est pas le… On veut passer tout de suite à l’objectif. Mais pour atteindre cet objectif, il faut mettre en place une certaine façon d’être. Tu vois ? Qui va permettre… Permettre la rencontre.
OMBELINE
Bien sûr. Et puis… Bon. C’est un long sujet tout ça, parce qu’on parle de différence de niveau de conscience. Enfin, tu vois, toute cette différence entre… même dans le milieu entrepreneurial, c’est en fait quel est ton focus ? Est-ce que ton focus c’est de créer quelque chose de durable, de prospère et d’intègre et de respectueux de tout ou est-ce que c’est juste ta gueule à toi et de faire du business rapidement et le plus possible ? Tu vois, il y a un éventail de possibilités en fonction de la personnalité et du niveau de conscience de l’entrepreneur, en fait.
CAROL
Oui, après, justement, on parle du terme d’altruisme. Moi, je pense, j’espère que… C’est vrai que c’est de sortir que, fondamentalement, il y a quand même, peu importe si même ton but, il est haut. Après, tu peux avoir un but de faire de l’argent, ce n’est pas grave. Bien sûr. Après, comme on disait, tu vois, on parlait du business. Tu te rappelles, on disait que le business, alors on dit le business social, l’entrepreneuriat social, le business social. Mais finalement, un business, ce qu’on disait justement, quand il est bien fait, Quand il est respectueux des règles, quand il établit les lois du business pur, il peut être très social. Et en fait, ce n’est pas grave de dire, il ne faut pas être hypocrite non plus, de dire ma motivation c’est d’aider l’autre ou de faire du social et tout. Non, tu peux vouloir faire de l’argent, mais tu peux vouloir le faire d’une bonne façon. Pour moi, l’argent en fait, c’est une conséquence. Si les choses sont bien faites, c’est une conséquence naturelle. Donc si ta relation, ta collaboration, elle est bien, elle est sur les bons rails, l’argent viendra. Ce n’est pas parce que tu passes cette étape-là, ce n’est pas une étape qui rend ta relation plus humaine, c’est une étape qui rend ta collaboration plus durable. C’est une différence. Et en même temps, si cette collation est durable, tu peux la faire en en découvrant des choses, en respectant l’autre, en te sentant respecter toi-même. Et en fait, ça t’enlève des soucis aussi. Et je pense que tout entrepreneur, aussi vénal soit-il, voudrait acheter sa paix d’esprit aussi. Donc, même cela, pourquoi ne pas trouver aussi ? Et puis après, tu sais, la rencontre, elle peut bouleverser les gens. Tu peux découvrir d’autres choses aussi. C’est juste une façon de faire, de dire, mais il faut juste avoir le temps de se dire ok, ça prend du temps, mais il faut vouloir le faire pour que justement les choses se fassent mieux et que finalement tu te rends compte que c’est bénéfique à chacun.
OMBELINE
Est-ce que tu serais d’accord de nous partager peut-être un exemple, quelque chose qui t’a marqué pendant cette expérience, dans cet accompagnement de l’entrepreneuriat social là-bas dans la région tibétaine de Chine ? Est-ce qu’il y a une expérience qui t’a marquée ? Enfin j’imagine qu’il y en a plein mais… un parcours, un individu, un projet, tu vois ?
CAROL
Non, pas tant. Moi, ce que j’ai bien aimé, en fait, je vais t’expliquer le processus, c’est qu’à l’époque, en fait, moi, je partais d’une gestion de l’humanitaire, j’ai fait de l’humanitaire, donc j’étais chef de projet. Et en fait, quand on arrive en Chine, j’ai travaillé pour une fondation américaine quelques temps, et puis pour d’autres projets avec des ONG. Et en fait, dans cette fondation, en fait, si tu veux, j’ai… En fait, le travail d’humanitaire, le mien, je ne fais pas de généralité, je parle de ma propre expérience, ce que je faisais sur place. En fait, l’image que j’en ai eue, c’est-à-dire, n’a pas corré… ne correspondait pas à ce que… Voilà, peut-être que j’avais des stéréotypes, tu vois aussi, j’étais peut-être un petit peu trop figée aussi, mais peut-être un peu trop idaliste en me disant… Voilà, cette idée que tu arrives dans un endroit et que sous prétexte que tes intentions soient bonnes, ça légitimise en fait ton action.
OMBELINE
Et ta présence peut-être même ta présence.
CAROL
Ton action et pour moi c’est une forme de contrôle qui m’a paru intolérable c’est comme je fais toujours la comparaison en disant bah tu vois t’es chez toi tranquille puis là ça toque à la porte et puis il y a une femme que tu ne connais pas et qui vient faire le ménage chez toi. Alors, je t’avoue que justement, avec mon planning de fou, j’en aurais bien besoin. Mais elle arrive, alors elle vient faire le ménage et puis elle te propose ça. Et puis tu dis bon ben, c’est quand même pas mal. J’aurais bien besoin d’un petit coup, un peu de poussière, un peu d’aspiraux. Mais en même temps, tu vois, Elle vient chez toi, il y a une intrusion, tu n’as rien demandé. Et en même temps, tu ne peux pas la virer de chez toi un coup de pied aux fesses en disant « mais je ne t’ai jamais rien demandé ». Tu vois, elle vient quand même gentiment pour te proposer de te faire le ménage. Donc, tu ne vas pas dire non non plus. Donc, tu ouvres ta porte, tu la laisses faire parce que ça t’arrange bien.
OMBELINE
Et après, tu repasses derrière elle.
CAROL
Parce que c’est pas fait comme tu veux. Ça c’est un autre sujet. Tu repasses derrière elle parce que… Et en plus t’as raison, parce qu’il y a ça derrière. Parce qu’en plus, la personne qui aide, on va aussi la critiquer parce que… Mais ça, si tu vois, c’est encore une autre problématique. C’est intéressant. Et donc elle repart. Parce que t’es bien content aussi. Il y a une espèce de… Pas d’hypocrisie, mais de dire, bon, finalement, je suis quand même contente qu’elle vienne… Je vais rien demander et tout. Mais tu vois, après, il y a une forme, en y réfléchissant, d’intrusion de choses où t’as pas demandé à ce qu’on vienne t’aider.
OMBELINE
Oui, il n’y a pas de consentement.
CAROL
Il n’y a pas… En fait, tu ne réponds pas à un besoin. En fait, tu réponds à un besoin que l’autre a analysé pour toi. Et en fait, c’est ça qui me dérangeait, cette espèce de dire où les gens, à la fin, tu lui dis merci à la nana qui est partie, mais tu lui dis merci parce que tu te sens obligé de lui dire merci. Tu vois ce que je veux dire ? Parce que tu ne peux pas lui dire merde et tu lui dis merci. Et c’est cette forme de se sentir finalement obligé de te remercier parce que ton action est bonne et tu me veux du bien. Et même si finalement je t’ai rien demandé, mais comme tu me fais du bon quand même et que ton intention est bonne, je suis obligée de te dire merci. Et tu vois, c’est un petit peu vicieux. comme façon d’être ensemble, de travailler ensemble, donc voilà. Sous couvert de bonne motivation et qu’on fait du bien et qu’on aide les gens, du coup on peut se permettre d’aller partout, de faire ce qu’on veut parce que voilà, on est là pour les aider, ok ? Et donc dans cette frustration, dans la façon que peut-être c’était avec la fondation avec laquelle je travaillais qui se passait comme ça, je rappelle encore que c’est ma propre expérience qui m’a donc… m’a amenée à une remise en question, justement par rapport à la notion d’aide, et de dire, OK, mais finalement… Et puis tu voyais aussi, tu sais, beaucoup d’ONG, beaucoup de fondations venaient, faisaient des formations pour les locaux, et des formations en business, des formations en artisanat, des formations machin, il y avait des experts qui arrivaient, et puis tu voyais toujours les personnes qui venaient à ces formations, c’était toujours les mêmes personnes. Elle revenait d’année en année, à un moment donné. Je veux dire, pourquoi tu reviens toujours à la même formation ? Tu n’as pas encore compris quoi, tu es censé comprendre. Et en fait, c’était une aide donnée aussi qui n’avait pas forcément d’efficacité, parce qu’on la donnait pour la donner. Tu vois, le taf était fait, mais sans savoir si en fait les gens qui l’écoutaient l’avaient vraiment intégrée et comprise. Tu vois, parce que parfois, il suffit pas de parler une langue. C’est pour ça que je parle aussi de médiation interculturelle, parce que c’est pas juste de la traduction, tu vois. Ces gens-là, ils venaient, ils prenaient tous des outils de business, ils les traduisaient en tibétain ou en chinois, peu m’importe. Et puis, et en fait, voilà, ça y est, c’était quelque chose d’universel, traduit, ça devait être compréhensible partout. Mais le problème, c’est que les gens revenaient à chaque fois parce qu’ils comprenaient pas. Et parce que la façon dont on leur envoyait le message n’était pas adaptée à la façon dont eux pouvaient le comprendre. Moi, tu me parles en français avec un mathématicien, bon, ça dépend quel genre de personne, sa pédagogie, la pédagogie qu’il va mettre en place, mais ce n’est pas parce que sous prétexte que c’est dit en français, je vais pouvoir le comprendre. Tu vois, c’est aussi la façon de l’amener, de connaître justement la culture, les réformes culturelles et comment apporter les choses. Bref, toutes ces réflexions.
OMBELINE
Oui, et puis ton cadre de référence aussi.
CAROL
Donc sous prétexte que tu changes d’une langue, tu fais traduire, elle peut forcément être comprise, c’est une aberration totale. Je me disais donc l’aide d’une part, la façon dont cette aide est apportée, Et puis je me disais, parfois aussi il faut faire du chiffre. Parfois il fallait qu’on ait des… Tu sais quand tu reçois des fonds, tu réponds à un programme, il faut qu’il y ait aussi des chiffres qui justifient que c’est normal aussi. Tu dis voilà combien de participants. Et puis donc parfois les gens, tu sais, on les faisait même venir payer pour qu’ils viennent venir. Donc en fait ce qui me dérange… Oui, c’est qu’à un moment donné, la demande n’avait jamais été… En fait, ça venait pas. Et quand on a commencé, c’est à ce moment-là que je me suis intéressée à l’entrepreneuriat social. Et vraiment, j’ai commencé à me passionner. Et j’ai trouvé ça juste formidable parce que c’était une façon… En fait, l’entrepreneuriat social, c’est pas une entreprise sociale. L’entrepreneuriat social tel qu’il est, c’est qu’en fait, tu passes par… En fait, tu as une personne, un entrepreneur social. C’est la figure de l’entrepreneur social, moi, qui m’intéressait. Et lui, en fait, dans sa communauté, dans son environnement, il va, si tu veux, observer un problème. OK ? Il va observer un problème dans sa communauté. OK ? Et il va utiliser le business pour répondre à ce problème. Et en fait, tout le business va être orienté pour la résolution de ce problème. Alors, le fait est que… Ce genre d’entrepreneurs, ils ne sont pas pléthores non plus. Parce que vos pouvoirs, il faut avoir les moyens, il faut avoir aussi l’envie et puis le challenge de pouvoir monter son business ou des choses comme ça. Et tu vois, cette virule, elle m’intéressait beaucoup parce que je me suis dit, tu vois cette personne-là, Il faut que tu l’accompagnes, que tu réponds, que lui puisse déjà voir ses besoins, comprendre ses besoins, et en fait attendre qu’il vienne vers toi pour lui dire voilà, moi, ce dont j’ai besoin. Ok ? Et en fait toi à ce moment-là, tu réponds à une demande. En fait, toi tu lui proposes pas ce qu’il faudrait qu’il fasse parce que tu as vu ou tu as de l’expérience ou tu vois, c’est que tu attends que lui fasse le travail déjà de réflexion de voilà qu’est-ce qu’il pense, comment il voudrait le faire, et que toi tu puisses répondre à ce besoin. Et dans ce cas-là, ça change complètement la relation. Tu vois, parce que nous on ne les faisait pas venir.
OMBELINE
C’est un peu comme du marketing en fait.
CAROL
De toute façon, on ne les appelait pas, on ne les téléphonait pas, on n’insistait pas. Je dis si tu veux t’en sortir, il faut que ça soit… Que t’aies l’initiative quoi. Que ça vienne de toi, que ça soit ta demande. Et qu’après tu sois le seul à dire à la fin si je m’en suis sortie. En fait, ça vient de moi. J’ai à dire merci à personne si tu veux. Tu vois ce que je veux dire ? La seule personne que j’ai remerciée, c’est moi-même, en fait. C’était ça, le but ultime, en fait. C’est qu’on puisse apporter, tu vois, des soutiens de l’accompagnement, mais qui répondent à des besoins énoncés de ces personnes. Et dans l’entrepreneuriat social, en fait, de les aider, justement, à construire leur chemin, à leur donner les outils qui leur permettent de se renforcer et de pouvoir construire ce business qui répond au problème. Donc ça, c’était intéressant. Dans mon parcours au niveau d’entrepreneuriat social, ce qu’on faisait, c’est qu’on élaborait juste des outils.
OMBELINE
C’était quoi comme genre de business ?
CAROL
Il y en avait beaucoup. Il y avait des entrepreneurs qui, surtout dans les régions des hauts plateaux, beaucoup de nomades, des gens qui faisaient du fromage, des gens qui utilisaient le lait, les yaourts ou alors d’autres. J’en ai pléthore, pléthore. Et en plus, ces gens-là n’avaient pas trop de connaissances du business, donc ils étaient un petit peu, c’est comme moi, c’est l’expérience tout ce qui est empirique, ils n’ont jamais eu peut-être la chance de suivre une école de business, je ne sais pas si c’est une chance ou pas, mais bon. Bref, tu vois, c’est tout basé sur l’expérience et puis de dire voilà, d’avoir des conseils, de savoir comment ça se faisait différemment, d’entendre, de discuter. Tu vois, il y avait toujours ce processus-là d’aider la réflexion pour que la personne, en fait, elle se nourrisse de cette réflexion pour trouver elle-même les solutions à son problème. Et cette forme-là, et après j’en ai pléthore d’histoires, mais c’est vrai, C’est vrai que c’est intéressant de les accompagner et de… Tu vois, le dernier exemple qu’on a eu, après j’arrête parce que j’en ai péteur, c’est celui récemment, on a organisé un voyage d’études avec des entrepreneurs tibétains, encore, qui sont venus là deux fois. Le dernier, c’était au mois de février dernier. Ils sont venus en France. Ils sont venus en France, on les tenait dans la région du Kéra.
OMBELINE
Ouais.
CAROL
Dans les Hauts-de-Zap’ de Provence. Et pour te la faire court, donc en fait, ils sont venus nous voir en disant, voilà, nous on fait des voyages d’études aussi des thématiques, autour d’une thématique spécifique, d’un sujet d’études. En disant, voilà, moi j’ai tel sujet qui m’intéresse. Et nous, sur place, on trouve les experts, on rencontre les entreprises, les gens avec lesquels ils pourraient échanger. Donc on a organisé des sessions de dialogue, de rencontres, voilà, des séjours d’études comme ça. Et ils nous disent en disant voilà, nous on est intéressés par toute la thématique du développement durable, de l’économie circulaire, de voir, ils étaient dans les hauts alpages, ils créent des espèces de communautés zéro déchet, de savoir comment…
OMBELINE
L’autonome, j’imagine qu’il y a aussi la notion d’autonomie, de trucs circulaires, d’économie circulaire.
CAROL
Comment ramener les jeunes pour éviter qu’ils aillent à la ville ? Comment vivre avec les ressources qu’on a autour pour éviter de les puiser ? En fait, de bien vivre dans leur environnement et d’utiliser les ressources de façon durable. Et donc, en fait, on a connu, puis ces gens-là sont arrivés en disant, voilà, on aimerait bien connaître des méthodes, comment en France ça se fait ? Est-ce que tu vois sur l’économie, sur le zéro déchet, sur l’élevage ? Donc, on a organisé tout ce voyage d’études et ce qui était formidable, c’était qu’il y a eu vraiment une espèce de les gens qu’on a fait rencontrer, alors beaucoup d’agriculteurs, des gens qu’on a même rencontré une éleveuse de yaks dans le National des écrins. Et alors cette rencontre, pour moi, elle a été formidable. En fait, c’est toute l’essence de Beau. C’est qu’on les a fait rencontrer. Tu vois, c’est des gens qui en fait, qui ignoraient toute l’existence des uns et des autres, qui étaient séparés par des milliers de kilomètres et qui n’avaient aucune chance de se rencontrer. Mais en fait, ces gens-là, tout les unissait, une passion commune, tu vois. Et c’est que cette rencontre est arrivée en se disant, mais on est tellement loin, on ne parle pas la même langue, on n’est pas… Et on se rend compte qu’on a exactement les mêmes problématiques, on fait exactement les mêmes choses. Et en fait, le fait de cet échange, alors elle, elle a pu bénéficier de leur expérience sur place en disant, mais tiens, comment on fait ? Parce qu’avec les Yaks, bon, ils ont, tu vois, l’habitude d’élever des Yaks.
OMBELINE
Oui, parce qu’il y en a là-bas.
CAROL
Oui, au Tibet. Et elle a dit qu’elle a bénéficié de leur expérience. Et puis eux, en disant, mais tiens, comment tu fais ici ? Comment ? Il y a eu vraiment un partage, une expérience. Et en fait, ça a créé de nouvelles façons de faire, de nouvelles idées, de nouvelles… Et tu vois, là, la collaboration, elle peut naître. On a la rencontre, et c’est des gens qui se disent « oui bon ben je veux bien les rencontrer » et puis dès qu’a lieu la rencontre avec la discussion, les dialogues, l’échange, on se rend compte qu’en fait il y a plein de choses qui nous rassemblent. À un moment ils avaient même parlé des plantes médicinales, il y a eu tellement de sujets et puis il y a une espèce d’effervescence et de passion qui est née des deux côtés. En se disant mais en fait ça t’ouvre ton monde, ça t’ouvre tes possibilités. C’est ça aussi la rencontre, c’est dangereux parce que tu arrives, tu marches sur un fil, tu ne sais pas si tu vas tomber, mais quand elle se passe bien, elle t’ouvre un champ infini de possibilités et puis de nouvelles façons de faire, d’envisager les choses dont tu n’avais aucune idée. Et c’est ça pour moi l’idée de la rencontre, ce qu’elle peut faire. quand elle est bien, quand elle est bien faite.
OMBELINE
Carrément, puis c’est un peu ce que tu disais tout à l’heure, au lieu d’être dans la peur de perdre quelque chose ou de se perdre, bah finalement ça nous permet de garder l’essentiel et même de l’améliorer.
CAROL
Et tu gagnes, tu gagnes tellement en fait, tu gagnes tellement. Et puis c’est bien de se perdre, d’être changé, on change de toute façon, on change tout le temps. On n’est jamais le même la veille qu’on est le lendemain, je veux dire, et tout.
OMBELINE
Moi j’adore t’entendre raconter ces histoires. Je pense que franchement, quand est-ce que tu nous écris un bouquin ?
CAROL
Je les raconte très mal, c’est vrai que j’ai un peu du mal d’ailleurs à exprimer.
OMBELINE
Tu les racontes très bien parce qu’on sent, tu vois, toutes tes émotions, on sent ta passion et enfin non, moi j’adore. Donc j’attends le livre ou je sais.
CAROL
Pas, ou le podcast qui raconte tout ça, tu vois. Ouais, je sais. C’est pas casse de beau. Ouais, je pense que je suis en digestion encore. Je pense que j’ai encore besoin beaucoup de temps de digérer, que je suis encore dans l’expérience dans le faire et j’ai encore du mal à avoir le recul suffisant. Là, je pense que depuis 5 ans, c’est compliqué parce que je suis rentrée, ça fait 5 ans maintenant et là, je me rends compte que je fais face à un autre challenge, c’est le fait de me… En fait, de… de me réadapter. Et en fait, ce qui est très difficile pour moi, c’est très très compliqué en fait, je me suis rendu compte. Et même tu vois dans le business qu’on a monté beau et tout, la façon dont on fait en France, la façon dont on connaît les gens, dont on fait les ressources, les formations, comment ça se passe. Et en fait je suis en train… j’avais jamais réalisé parce que tu vois même pour les gens pourtant en disant mais t’es française c’est une évidence, c’est comme si c’était inné chez toi quelque chose que tu devais savoir. Mais je suis partie à 20 ans, j’ai vécu toute ma vie d’adulte en Chine.
OMBELINE
Oui t’as jamais été adulte en France en fait.
CAROL
Non mais j’ai que travaillé en Chine et c’est vrai de rentrer donc tu vois en plus quand je suis rentrée il y a eu l’un an après il y a eu le Covid donc on est resté un petit peu… Et en fait là je suis en train d’apprendre et c’est d’autant plus difficile parce qu’on a tant de mois que je le sache tu comprends ? Et que je le fasse. Et c’est compliqué. Et je sais que j’ai ma collègue…
OMBELINE
Mais justement ça devrait être hyper riche parce que tu découvres… C’est comme si tu redécouvrais… C’est comme si tu redécouvrais la France.
CAROL
Ouais. Ouais après c’est dur aussi parce que du coup moi aussi je me suis laissée tomber dans le piège en me disant mais finalement voilà je suis française pour moi en fait j’ai pas d’efforts à faire c’est une évidence tu vois et en fait je suis en train de me rendre compte que je suis il faut que je rattrape j’ai un train quoi qu’il faut que j’apprenne des choses et non non c’est vrai que c’est compliqué mais je sais plus pourquoi j’en venais là oui donc je suis encore en digestion et en besoin de.
OMBELINE
Digestion encore ouais enfin voilà le sujet de retour d’expat aussi Bon là c’est plus qu’une expat hein mais c’est le.
CAROL
Retour d’une vie quoi.
OMBELINE
Mais oui le retour d’expat il est… moi je l’ai vécu aussi alors pas très loin. J’ai vécu un peu en Italie et en Suisse donc c’est pas loin tu vois. Et en Suisse c’était en plus sur la partie francophone mais en fait la culture est pas du tout la même. Donc il y a l’adaptation là-bas mais il y a aussi la réadaptation quand on revient.
CAROL
Oui c’est vrai que là tu vois je m’en rends compte et même je suis allée à une soirée de networking tu vois je disais même oh là là cette façon de tu vois elle est intéressante mais il faut que je connaisse les codes tu vois que j’ai pas encore je les comprends et puis en même temps j’étais tellement habituée à faire d’une autre façon en Chine que maintenant je me retrouve un petit peu comme une là, une jeunette qui arrive, qui sait pas du tout ce qu’il faut qu’elle fasse, comment on fait, sans connaissance d’école. Donc c’est vrai, c’est un petit peu compliqué. Mais bon, c’est pas grave, je pense qu’avec…
OMBELINE
Comment tu faisais là-bas ?
CAROL
Là-bas, comment tu veux que je te dise ? Je sais même pas comment je faisais. Je le faisais, quoi. Je me rends même pas compte comment je le faisais. Pour moi, c’était… Il n’y avait pas de réflexe. Pour moi, c’était bizarre avec la Chine. Je ne peux pas t’expliquer. Ça a toujours été une évidence, en fait. Je ne me suis jamais rendue compte que, tu vois… Oui, mais ce que.
OMBELINE
Je veux dire, c’est que, tu vois, tu dis que finalement, tu n’as plus les codes, ou peut-être, finalement, tu ne les as jamais eus, les codes entrepreneuriaux, etc., puisque t’es partie, t’avais 20 ans. Donc là, tu redécouvres, tu découvres des codes entre guillemets business. Mais en fait, là-bas, c’est quoi les codes ? Tu vois, comment on fait pour rencontrer des gens, pour créer justement cette relation qui va amener peut-être à un moment donné à une relation commerciale ?
CAROL
Oui, alors voilà. Tu vois, par exemple, hier, justement, j’en discutais. Je dis que c’était très intéressant parce que… En fait, si tu veux… J’ai trouvé ça, je me plaignais parce que je dis mais qu’est-ce que c’est long et fastidieux en fait, c’est networking, parce qu’il faut que t’en fasses plein, faut que les gens te voient, te connaissent, que tu attendes, qu’une petite graine peut-être vienne se planter. Bon, ça c’est tout le principe du réseau, mais il faut le faire, il faut qu’on se voie, il faut qu’on te remarque, donc il faut que t’en fasses deux, trois. Alors c’est vrai que, tu sais, quand t’as pas le temps, c’est un petit peu chronophage, c’est fastidieux.
OMBELINE
Après ça c’est beaucoup les codes parisiens aussi.
CAROL
Oui, voilà. Voilà, mais c’est très bien aussi, je trouve ça très intéressant et voilà, je trouve ça aussi passionnant en soi parce que tu vois, il y avait plein de monde, moi je ne connaissais pas trop de gens, donc oui, c’est une soirée networking, tu peux aller directement voir quelqu’un et il ne sera pas choqué que tu lui parles puisque c’est une soirée networking. En même temps, tu ne sais pas sur qui tu tombes parce que si tu n’as pas été introduite précédemment, tu vas un petit peu au hasard et tu tombes sur… t’espères que c’est une chance, c’est peut-être pas la personne que tu voulais voir, et puis en même temps tu peux pas dire, je te file ma carte, on se contacte et tu passes à quelqu’un d’autre. Il faut quand même prendre le temps de parler, de discuter, de se présenter. Et en Chine ? Après, je ne veux pas être non plus… je n’aime pas aussi culturaliser, enfermer les gens dans une façon ferme.
OMBELINE
Non, mais là, c’est ton expérience que tu partages.
CAROL
Mon expérience, voilà, la plupart des choses. Et c’est vrai qu’en Chine, ce que j’aime bien, c’est ce concept de kuanxi, de relation, en fait, qui est assez intéressant parce que, en fait, ça va être une personne dans ton réseau. Donc, il faut aussi que ce réseau, tu le construises et que… ça met aussi beaucoup de temps et de la patience. Donc, tu vois, là, ça se rejoint aussi avec la France. Peut-être que moi, je ne suis pas assez patiente. Mais en fait, cette personne, une fois que tu vas la voir dans ton système de relation, en fait, c’est cette personne qui se porte garante pour toi d’une présentation à une personne dont tu as besoin. Donc en fait, dans son réseau, il y aura toujours, en fonction de ton besoin, qui connaîtra par elle dans son réseau, de réseau, de réseau, qui aura cette personne qu’elle connaîtra et avec laquelle elle peut te mettre en contact direct. Et en fait, si tu veux, c’est elle qui porte, cette personne qui t’a mis en relation, qui porte toute la responsabilité de cette mise en relation. Donc en fait, elle est garante pour toi.
OMBELINE
Elle est garante, puis elle est engagée à ce que ça se passe.
CAROL
C’est un risque. C’est un risque. C’est qu’en fait, si tu veux, elle, elle s’engage. C’est comme en fait, cette personne avec laquelle elle te met en contact, quand elle va te connaître, c’est comme si elle connaissait l’autre personne. Tu passes toutes les barrières du machin, on se connaît, machin, c’est fini, tu l’as. Parce que c’est l’autre qui porte la responsabilité. Donc c’est un poids énorme, mais en même temps, tu sais que tu sais l’importance de cette mise en relation et aussi tu es dans un système de dépendance. Parce que tu sais que du coup tu es quelque peu redevable à la personne. Voilà, que tu as un système, tu vois. C’est un petit peu résumé, un petit peu peut-être grossièrement.
OMBELINE
Mais après tout, si tu es redevable envers cette personne, mais si tu apprécies cette personne, t’auras volontiers envie de lui renvoyer l’ascenseur, quoi, comme on dit.
CAROL
Oui, aussi, bien sûr, et puis tu sais que c’est… Puis c’est un système, si tu veux, c’est… Tout est… T’es rentrée… On n’est pas dans… Tout est implicite, en fait. En fait, quand tu fais partie de ce système, tu le sais sans le savoir. À partir du moment où tu demandes à la personne de t’introduire auprès de quelqu’un, implicitement, tu sais… T’as un contrat, quoi. Oui, voilà, exactement. C’est exactement ça.
OMBELINE
Et si on créait un nouveau style de réseautage ?
CAROL
Ah bah ça j’adorerais celui-là ! Mais après tu vois, je me contredit moins de monde parce que tu vois ce réseau, quand je suis restée 18 ans en Chine, j’ai mis 18 ans à construire ce réseau aussi, donc j’ai mis 3 ans sur place.
OMBELINE
Ouais mais je pense que c’est important aussi d’accepter que ça prend du temps, enfin on est dans quelque chose de pérenne et durable, enfin c’est de ça dont on parle tout à l’heure.
CAROL
Peut-être que nos soirées de networking où ça prend du temps, tu vois ce que je veux dire ? Ou peut-être je souffre de patience en France en disant justement parce que je suis française, ça devra aller plus vite et que finalement, non. Donc tu vois, ça aussi, la façon dont je te parle, ça me remet aussi en question sur la façon dont je juge nos façons de faire aussi. Mais peut-être parce que j’étais tellement habituée à une façon de faire, et que j’ai du mal en fait à faire différemment. Donc là, tu vois, moi je me remets en question. Très intéressant d’ailleurs, va falloir que je réfléchisse à ça un petit peu. Mais voilà, donc il y a plein de choses qui fait que c’est pas se déshabituer, mais aussi peut-être il y a une déshabitude et puis une envie de se dire, on réapprend un petit peu. Et voilà, ce qui paraît un petit peu bizarre dans son propre pays, de dire qu’on est obligé de reprendre des choses. Mais oui, comme tu disais, voilà, on part à 20 ans, on revient à 38. Non, on revient à quel âge ? Je ne sais même plus. Non, on est beaucoup plus tard.
OMBELINE
Mais… Bah 20 plus 18, c’est ça ?
CAROL
Ouais, non, parce que ça a été, tu vois, espacé. C’était les années d’études, les deux ans au Tibet, les… Ah oui, oui.
OMBELINE
Les 18 ans, c’est après 2004.
CAROL
Ouais, c’est un petit peu… Mais c’est toujours… Voilà, tu vois, j’ai pas… Mais voilà. Mais là, ça fait 5 ans, du coup, que nous n’y sommes pas retournés. Donc… On ira en juin, normalement. Donc ça, ça va être des… Et.
OMBELINE
Ton enfant est né là-bas ?
CAROL
Il est né là-bas. Ouais. Je sais pas si c’est un garçon.
OMBELINE
Ou une fille, mais…
CAROL
C’est un garçon. Il est né là-bas. C’est un petit gars de Chengdu, du Sichuan. Et voilà, donc là on va retourner après 5 ans.
OMBELINE
Ah oui ? C’est prévu là ? Vous y allez ?
CAROL
Ouais, en juin. Oh super !
OMBELINE
Ça risque d’être un grand moment. Ouais.
CAROL
C’est chouette. Ouais. Donc voilà, je trouve que l’idée c’est aussi, et puis surtout en ce moment on a beaucoup de difficultés parce que je sais que la Chine aussi c’est assez complexe, elle souffre d’une image, tu vois, à la fois elle peut être complètement, elle émerveille ou elle fascine, tu vois, la fascination de tout ce qu’elle peut avoir de bon et de mauvais, et puis d’un autre côté elle peut aussi réveiller les sentiments les plus extrêmes, tu vois, de rejet, et on a du mal à… Et justement, elle souffre de beaucoup de ces préjugés, de ces stéréotypes, et on a beaucoup de… On perd beaucoup de temps, justement, à essayer d’essayer de conscientiser tout ça, et puis de comprendre, tu vois, d’ouvrir les gens à peut-être une… pas une autre Chine mais une façon de la voir peut-être différemment, tu vois ? Du coup, on a plus de travail parce que là, on entre dans des gros… des gros… des grosses peurs. Donc voilà, mais c’est pas simple, mais c’est intéressant, c’est passionnant, et puis quand t’as des rencontres comme celle qui se sont passées, qui arrivent, ça c’est fabuleux. C’est juste génial parce que les gens nous disaient, on veut aller là-bas, on veut savoir comment ils font, leurs méthodes aussi artisanales, comment ils font aussi la laine, avec la laine, comment ils la tissent. Il y a eu plein de choses, plein d’envies qui sont nées, et justement cette curiosité qui est née. Ça, c’était… C’est fou. C’est beau.
OMBELINE
Tu as gardé le lien avec des entrepreneurs sociaux ?
CAROL
Oui, bien sûr. J’ai 18 ans, on est… Ça, c’est justement le temps des relations, donc ça, c’est quelque chose qui… Et puis on a une relation à la distance, tu vois, qui est aussi différente, en fait. C’est qu’une fois qu’on a une espèce de relation, elle est là en fait. Elle existe.
OMBELINE
Elle est inébranlable.
CAROL
Voilà, elle existe, elle est là. Donc non non, bah complètement ouais. Complètement.
OMBELINE
Tu sais, enfin je veux dire, c’est tellement important. Tu sais, je pense que le besoin le plus exprimé et encore plus à post-Covid, c’est vraiment ce lien.
CAROL
Ouais.
OMBELINE
Et donc je trouve que, enfin c’est tellement riche ce que tu nous partages, c’est tellement riche cette cette expérience et cette expertise du lien que tu as. Et donc là oui, tu dis on parle de la France et de la Chine mais finalement c’est dans notre quotidien en fait. C’est dans notre quotidien et réapprendre ce lien.
CAROL
C’est-à-dire pas s’enfermer dans ton huître et penser qu’en fermant bien l’huître, ta petite perle, elle va être préservée. Parce que tu auras toujours quelqu’un qui sera avide et qui te pètera la coquille et qui te piquera la perle. Ce que je veux dire, c’est s’ouvrir justement et être prête à partager cette perle. Et puis peut-être qu’elle change de couleur ou elle prenne une autre forme. Peu importe.
OMBELINE
Elle en accueille une autre.
CAROL
Ce que j’adore, c’est toujours, j’en parle aussi, j’aime bien ce mot, ce qui me guide, c’est tout ce dont Rabelais parle, la substantifique moelle. Pour moi, c’est ça l’essentiel, en fait. Après, la forme, la façon, mais garder cette espèce d’envie de rencontre à l’autre, et puis voilà, et puis de ne pas avoir peur, et puis de dire que de toute façon… C’est pour ça, par rapport à l’altruisme, après, c’est un grand mot, mais je pense que… Tu vois, de faire beau hormis le fait de la France, la Chine et tout, c’est nous cette envie de permettre aux gens de communiquer parce que en communiquant, en se disant les choses et je pense que ça En fait, c’est dans tout. C’est pas que dans la relation à l’autre, qu’elle soit amicale, en amour, dans nos interactions quotidiennes, dans le business, dans.
OMBELINE
La façon… Et puis c’est le lien à soi aussi.
CAROL
À soi, c’est aussi une façon de se connaître déjà soi-même, mais de voir aussi que finalement c’est le nerf de la guerre, la façon dont sont exprimées les choses, notre capacité à les dire et nos peurs, et justement de permettre de voir que les gens ne se rencontrent pas parce qu’ils se sont mal compris. sans se connaître, tu comprends ? Et c’est ça notre but où on fait nos valeurs et notre mission, c’est vraiment le but de dire mais en fait c’est bête que vous passiez l’un à côté de l’autre. Et vous auriez tellement… Oui parce que.
OMBELINE
Tu loupes le potentiel.
CAROL
Et même de ta propre découverte. Tout à fait. Et justement de créer quelque chose de nouveau. Tu vois ? Et de ne pas dire « je perds ce que j’ai, quand même, il ne faut pas que ça se bouge ». Et en fait, de t’ouvrir, de dire « en fait, tu ne perds pas, tu gagnes, mais ça prend une autre forme différente ». Et ce qu’on se dit, on s’est dit « mais ce sont des cultures, des mondes tellement formidables, tellement riches », et de dire de pouvoir justement utiliser cette langue commune pour nous qui est tu vois, un intérêt, une passion commune, un même business, peu importe. Et c’est ça la langue, c’est ton intérêt commun que t’as. Et de dire que, ok, on est justement en utilisant nos deux nos deux cultures desquelles on provient différentes, comment justement faire que cette passion, cet intérêt puisse en bénéficier, l’enrichir, tu vois, et trouver une nouvelle chose. Et c’est ça en fait dans le sens, c’est par rapport aussi à l’autre, à qui on est, à tout ce qui est…
OMBELINE
Bon tu sais j’ai une de mes expertises c’est vraiment d’aller toucher le grand pourquoi. C’est un peu ça pour moi le fil rouge. Et ça pourrait être le lien pour toi. Parce que d’autant plus que tout à l’heure tu disais que tu étais encore en phase de digestion, que c’était le retour en France et que tu t’es un peu confrontée aussi aux préjugés que tu as à toi. et en fait ce qui me tiens c’est comme si effectivement dans le fait de servir ce pourquoi du lien il y aurait besoin de recréer ce lien avec la France et surtout avec ton identité en tant que française.
CAROL
Après tu vois j’ai envie de dire Moi je ne sais pas, je ne sens pas ce besoin d’avoir des racines, un attachement, une identité, tu comprends ?
OMBELINE
Tu en as plein, tu as plein d’identités.
CAROL
Mais tu dis exactement que tu l’enfermes dans ton savoir-être en fait. veut ce lien c’est cette rencontre parce que si tu sais que tu passes par l’autre pour te connaître toi-même et que c’est en fait c’est le chemin vers tu vois une connaissance de toi-même aussi fait que tu connais encore mieux les autres aussi donc tu vois c’est en fait c’est un cercle virtueux et qui fait que finalement pas d’enfermer dans des identités parce que comme tu dis elles sont multiples Moi, je me sens très cosmopolite, pas au sens où je suis attachée à rien, personne, mais je suis attachée plus peut-être à des valeurs, à des choses comme ça. C’est ça, peut-être, mon identité. Après, je pense que peu importe, j’ai envie de dire d’où tu viens, où est-ce que tu viens. Ça, je me sens pas… tu vois figé dans quelque chose. Mais ce qui est intéressant, c’est d’aller justement au-delà de ça et de… Oui, c’est pourquoi de comprendre que ce lien, cette rencontre, c’est ce qui te permet de pouvoir aller à la rencontre de toi-même et à la rencontre des autres.
OMBELINE
Tout à fait.
CAROL
Et de vivre en bonne… Il y avait un philosophe qui dit… C’est… Comment il s’appelle ? C’est Apia. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, qui parle aussi beaucoup de la notion de cosmopolitisme. Et qui disait à la fin, en fait, voilà, qui parle beaucoup de la rencontre, de tout ce qu’elle peut faire naître, voilà. Et qui disait qu’en fait, on n’avait pas à être d’accord les uns avec les autres. Mais la seule chose sur laquelle il fallait qu’on s’entende, c’est que sur le fait de vivre ensemble. Tu vois ? Et c’est ça, moi, c’est ça le vivre ensemble qui m’intéresse. Et je pense que pour le vivre ensemble, il faut déjà bien communiquer et bien, bien, bien se connaître.
OMBELINE
Oui, tout à fait. Et puis c’est vivre avec soi.
CAROL
C’est vivre avec soi, vivre avec… Avec.
OMBELINE
L’Ensemble de toutes nos facettes, de toutes nos polarités. Et donc voilà, c’est pas…
CAROL
Tu me dis bien avec les autres, c’est tout. Et tu passes par l’autre pour te connaître toi-même. Donc tu vois, tout est lié. Exactement.
OMBELINE
C’est le lien.
CAROL
C’est le lit, encore. Bah tu vois ouais, c’est l’élat celui-là, c’est un vrai nœud. Il y a rien à me faire contre. Ouais, ouais, le lit.
OMBELINE
Et puis voilà. Qu’est-ce que t’aimerais ajouter, juste pour que cette conversation te semble complète ? Qu’est-ce qu’il y aurait besoin d’ajouter avant de passer aux dernières questions ?
CAROL
En fait, il n’y a jamais rien de complet dans la vie. C’est ça. Ce qui est beau, c’est que tout est incomplet.
OMBELINE
Surtout, gardons ça incomplet.
CAROL
Oui, gardons ça incomplet parce que ce sont des… Tu vois, il y a tellement d’autres choses, il y a tellement de choses. C’est bien de garder des petites, tu vois, des petites aspérités. Cette incomplétude qui fait que, je ne sais pas si c’est français d’ailleurs, mais voilà, qui fait que ça donne envie de cogiter, de réfléchir. Mais ce que je dis tout le temps, c’est que ce que j’aime bien, c’est susciter en fait, tu vois, je suis tout le temps en réflexion en fait. Je me pose toujours des questions, je ne sais rien et je m’interroge. Donc, tu vois, je me dis, je n’aurais pas dû dire, mais je n’ai pas de recette, je n’ai pas de méthode, je ne sais pas, je ne peux pas de faire mon expérience une leçon, tu vois. Je peux juste être… Oui, et puis.
OMBELINE
C’Est ce que tu dis aujourd’hui, peut-être dans six mois tu diras autre chose, mais peu importe, c’est dans l’instant présent.
CAROL
Je le prédis différemment, mais voilà, parce que je grandis, parce que oui, j’évolue, j’apprends, je lis, je m’interroge, c’est pas une… C’est juste le rendu là maintenant de ce que je suis à l’heure d’aujourd’hui et que toutes mes expériences ont fait de moi et que j’essaye maladroitement de le transmettre, mais en fait, moi je préfère l’incomplet et le… Tu vois ? Donc non, il y a encore des milliards de choses que je pourrais dire, mais bon, on est limité aussi dans le temps. C’est déjà génial de pouvoir parler de tout ça et puis un petit peu de survoler. Alors oui, c’est superficiel parce qu’on n’a pas vraiment le temps, mais c’est plein de choses importantes qui donnent justement des envies. de réfléchir quoi, tu vois ? Et de créer le lien. Ouais, voilà.
OMBELINE
Merci beaucoup. Merci beaucoup Carol pour tout ce que tu nous as partagé dans cet épisode. Mes deux dernières questions. Donc évidemment dans la description de cet épisode, vous retrouvez la façon de créer le lien avec Carol et avec le monde de Beau. Qui aimerais-tu entendre dans ce podcast ?
CAROL
C’est-à-dire ?
OMBELINE
Bah, enfin voilà, le podcast. Puis si tu peux me dire personne, j’ai pas d’idée de tout ça, c’est pas une question obligatoire. Non, dis-moi. Bah qui, enfin tu vois, est-ce qu’il y a, comme on est dans le podcast vérité, est-ce qu’il y aurait une ou un entrepreneur ou dirigeant ou, je sais pas, ici ou là-bas, quelqu’un que t’aimerais entendre dans sa vérité ?
CAROL
Oh là là, mais alors là tu me prends de court, c’est pour ça, c’est… Bah non, j’ai pas réfléchi à ça. Bah en plus, il y en aurait… il y en aurait beaucoup je pense j’ai pas un ou une, une ou un particulier là en tête là tu me prends de court du coup va falloir que je réfléchisse pour qu’on fasse un autre postcast du coup ah mais tu pourras me dire après ça m’intéresse oui justement c’est intéressant ouais Et d’ailleurs.
OMBELINE
C’Est comme ça que je te connais, c’est grâce à cette question que j’avais posée à Chloé Pahut.
CAROL
Voilà, c’est pour ça. Tu vois, Chloé, je ne peux pas dire que j’aimerais parce que je l’ai déjà entendue. Donc, c’est déjà une entrepreneuse, moi, que j’admire et grâce à laquelle, justement, j’ai pu te rencontrer. Donc, je ne pouvais pas répondre à cette question parce que je l’ai déjà entendue. Et après, je pourrais encore l’entendre si tu veux. Mais non, non il y a rien de différent.
OMBELINE
Mais tu me diras si t’as des idées. Et puis pour terminer, avec quoi tu repars de cette conversation Carol ?
CAROL
Avec des questions.
OMBELINE
Avec des questions incomplètes.
CAROL
Mais des questions, le but c’est aussi, tu sais, c’est pas tant… C’est de tendre vers la réponse. C’est comme la perfection, il faut y tendre. Mais voilà, c’est pas… La finalité de la question, c’est pas forcément d’avoir une réponse. Après, c’est de faire le chemin qui va permettre de répondre à ta question. Donc…
OMBELINE
Les questions, je les vois comme des portes. C’est des portes que tu ouvres.
CAROL
Plein de portes, et puis plein de questions, et puis justement des… voilà, des questions. Ouais, c’est déjà bien, je trouve. Matière à réflexion.
OMBELINE
Carrément. Et puis, si tu en as envie, on pourra poursuivre aussi la conversation, parce que moi, j’aimerais beaucoup connaître ces portes que tu ouvres dans notre conversation.
CAROL
Je les en trouve, là, pour l’instant. Quand je les aurai ouvertes, je t’en dirai plus, là, pour l’instant.
OMBELINE
Oui, mais entre-ouvrir, déjà, c’est…
CAROL
Déjà, voir la porte… Ça commence pas mal, hein. Ouais, ça commence pas mal. Ouais. C’est super, et puis ce qui est bien avec tes podcasts, je voulais te remercier aussi parce qu’on a aussi justement, on peut ne n’obstant que dans le podcast, mais aussi dans d’autres podcasts aussi, ça fait réfléchir, ça suscite la réflexion. On écoute les questionnements justement d’autres entrepreneurs et puis c’est intéressant aussi de pouvoir avoir différents miroirs et puis voir comment les gens vivent leur propre parcours et expérience. Je trouve ça vraiment enrichissant et puis ça fait du bien aussi.
OMBELINE
Et puis ça nourrit le lien, même quand tu connais pas les personnes.
CAROL
On est tous oui.
OMBELINE
Mais d’ailleurs il y a du lien entre les invités du podcast.
CAROL
Bien sûr. Tu ne choisis pas au hasard.
OMBELINE
Je ne choisis pas au hasard et alors je ne sais pas où ça en sera quand l’épisode sera diffusé mais il y a des projets de vous faire rencontrer dans la vraie vie.
CAROL
Parfait.
OMBELINE
Pour ceux qui veulent en tout cas. Donc voilà. Un grand merci Carol. Plein plein de bonnes ondes et tout notre soutien pour le monde de beau. Et puis pour toi. Et puis on t’embrasse très fort et à bientôt.
CAROL
Moi aussi je te souhaite plein de bonnes choses. À très bientôt
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